Patrimoine Civil

De l'époque féodale, Plourin avait hérité de tout un ensemble de demeures, mais peu ont résisté aux outrages du temps et... des hommes.

Aux siècles suivants, l'agriculture et le lin ont amené la construction d'un nouvel habitat rural, au premier rang desquels se trouvent des manoirs, qui attestent de la richesse seigneuriale passée. 

Coatanscour est une pièce maîtresse du patrimoine architectural plourinois. L'ensemble, manoir, moulin et hameau, construit entre le XIVe et le XVIe par la famille du même nom, relevait de la seigneurie de Bodister. Un droit de justice s'y attachait, comme l'atteste le nom donné à la parcelle où s'exerçait ce privilège, "Goarem ar Justiçou". On y voit encore le soubassement en pierre des fourches patibulaires1... Accolée au manoir, une tourelle abrite un escalier en pierre. Deux ouvertures donnaient sur une chapelle attenante, qui fut détruite aux alentours de 1800. 

Le manoir de Penlan est difficile à dater. Il est le résultat d'agrandissements successifs, du XVIe — il était alors le fief de la famille de Kergariou — au XIXe. Édifié au cœur d'un massif boisé d'arbres feuillus, on y accède depuis une chapelle dédiée à saint Bernard. 

Le manoir de Kerguz semble avoir été la propriété de familles nobles de longue date. Parmi ses premiers propriétaires, on connaît Mlle Le Mainguy (1535) et Pierre de Kermerchou, maire de Morlaix (1568). C'est sans doute cette famille qui construira le manoir actuel comme l'attestent leurs armoiries (une croix tréflée chargée de cinq étoiles) visibles sur le fronton de l'entrée principale. Le manoir comporte des caractéristiques propres à l'architecture rurale de la commune : une toiture faite de longs pans fortement inclinés ainsi que, dans la cuisine, une auge encastrée dans la maçonnerie, surmontée d'une pierre. 

La liste des manoirs disparus est plus longue que celle des manoirs encore existants.

De ceux de Coatelan, du Golodic, du Rhun, de Kerastang, de Kervellec, de La Boissière, il ne reste plus rien.

Ailleurs, à Kervec, à Pen ar Vern ou à Tregunvez, quelques éléments subsistent, portes, cheminées, fenêtres... 

Parmi les ensembles ruraux anciens remarquables de Plourin, il faut aussi retenir les maisons dites "manales"2, par opposition aux maisons "nobles". Kersaluden, Kerbizien, Lanven en sont les plus représentatives.

Les fermes à cour fermée, les maisons à cuz-taol (cache-table) maisons ayant une avancée abritant la table, éclairée par une fenêtre et les granges-ateliers, liées à l'activité du lin, sont trois autres éléments caractéristiques de l'architecture rurale de la commune. L'avancée pouvait abriter une table (en totalité ou en partie) et permettait de gagner de la place à l'intérieur de la maison, près du foyer, pour pouvoir pratiquer certaines activités devant le feu : comme le teillage, le peignage ou la filature du lin.

Pour en savoir + : http://patrimoine.bzh/


1. Les fourches patibulaires : étaient un gibet constitué de deux colonnes de pierres ou plus sur lesquelles reposait une traverse de bois horizontale. Placées en hauteur et bien en vue du principal chemin public, elles signalaient le siège d'une haute justice et le nombre de colonnes de pierre indiquait le titre de son titulaire. Les condamnés à mort étaient pendus à la traverse de bois et leurs corps étaient laissés sur le gibet pour être exposés à la vue des passants et dévorés par les corneilles (corbeaux, selon plusieurs chansons).

2. Maisons dites "manales" : maison d'habitation, par opposition à une maison à usage de grange. Il peut s'agir d'un manoir.